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A vos postes, partez !

28 octobre 2016

Les chercheurs d'emploi, ces \

Quand on veut parler d'un sujet, ça peut être bien d'avoir une certaine connaissance technique sur le sujet.

Je vais donc commencer par donner quelques chiffres afin de poser le cadre dans lequel je parle. Conseillère en insertion / Conseillère à l'emploi depuis 15 ans, j'ai dû recevoir en entretien 2500 à 3000 chercheurs d'emploi et en accompagner 1000 à 1500 sur des durées allant de quelques semaines (question de timing, d'opportunités) à 3-4 ans.

En moyenne, mon "portefeuille" (quel mot glamour et professionnel!) de chercheur d'emploi est de 100 personnes à l'année, donc avec quelques mois d'arrêt pour maternité, cela doit me mener à ces chiffres qui restent approximatifs mais assez proches de la réalité, tout de même.

Je pense donc pouvoir, ainsi, me prévaloir d'une vision assez juste de mon métier mais aussi et surtout de ces chercheurs d'emploi dont nous devons lever les freins à l'emploi.

Et puisque nous utilisons le terme de "frein", je continuerais avec un vocabulaire automobile pour décrire mon classement de ces chercheurs d'emploi, assistés et pour certains "profiteurs du système"

J'ai ainsi réussi à identifier 4 types différents de chercheurs d'emploi :

- ceux qui ont un moteur enroué : la grande moitié de ceux que j'ai accompagné (réellement 50% des chercheurs d'emploi)

- ceux qui n'ont plus d'huile dans le moteur ( 35-40% des chercheurs d'emploi que j'ai accompagnés)

- ceux qui n'ont plus de moteur ou n'en ont jamais eu (10% de ceux que j'ai accompagnés)

- les machines-folles (1%)

Je vais directement m'attaquer aux profiteurs du système, comme ça, j'en aurai parlé une fois et je n'aurai plus à en parler ! Il s'agit des 1% de machines-folles... Et oui pas plus, selon moi (et aussi selon les statistiques de la CAF, des associations, etc)! .

Ces personnes sont très très facilement identifiables. Elles sont hors cadre, hors la loi. Elles assument d'ailleurs totalement cela; elles vous provoquent. Elles cumulent généralement prison-endettement et pas pour des faits finalement pas grâve, mais pour meutre, viol. Et surtout, elles n'ont pas évoluée d'un iota malgré les accompagnements, les suivis divers et variés.

Lorsqu'elles débarquent dans votre bureau, vous cachez vos tremblements, vous tentez de respirez calmement, vous signez le contrat d'insertion le plus vite possible pour que cette personne sorte vite de votre bureau et que surtout, elle ne vienne plus vous raconter d'atrocité ou de choses si violentes que la haine s'empare de vous.

Elle est en face de vous. Elle devrait être en hôpital psy, être sous traitement mais elle est là et maîtrise suffisamment la société, connait suffisamment les limites pour ne pas finir là-bas.

Elle utilise le système, vous le savez, elle le sait et l'assume. Mais vous priez pour que son RSA ne se coupe jamais pour ne jamais avoir à affronter sa colère ou son passage à l'acte. Elle utilise le système, d'accord. Pour votre survie, vous êtes d'accord pour qu'elle le fasse... 1% de personnes qui ont échappées au système, ne respectent pas les règles, vous toisent, vous méprisent, vous insulterez presque si elles ne savaient pas que ça risquerait; cette fois, de compromettre leur utilisation du système.

Ils ne sont vraiment, vraiment, vraiment pas nombreux. Ils sont effrayant, n'ont aucunes limites autre que celles qu'ils se sont fixés... Ils sont rares, très rares et surtout tellement ingérables qu'il vaut mieux leur donner 500€ plutôt que de risquer une boucherie !

Il s'agit là de cas psychiatriques, clair et identifiable pour n'importe quel professionnel. Tous les autres, je dis bien tous les autres, ne profitent pas du système !!!!

Maintenant, passons au terme d' "assistés"... Assistés voulant clairement dire que l'on a de l'aide d'un/e assistant/e : assistant/e de service social, assistant/e à l'emploi, assistant/e de direction ...

Donc oui, les chercheurs d'emploi sont, parfois, assistés. Pas souvent à mon idée ! Lorsque l'on sait le travail que nécessite la recherche d'emploi, finalement certains directeurs de service en font bien moins et sont assistés par une assistante de direction ou secrétaire... Et ça ne semble choquer personne dans une entreprise ! Mais assister un chercheur d'emploi dans ses démarches seraient anormales ?! Contrairement au chef d'un service quelconque, diplômé et formé, le chercheur d'emploi ne maîtrise pas la recherche d'emploi... Finalement, le plus assisté n'est pas celui que l'on croit ;-)

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4 octobre 2016

Le chercheur d'emploi contre le demandeur d'emploi

Rien que dans la sémantique, il me semble qu'il y a un problème de mise à jour de vocabulaire. La société entière nomme les personnes qui doivent chercher un emploi des "demandeurs d'emploi".

Nous sommes dans une société où la sémantique a une importance extrême. La sémantique est partout, dans le marketing, en politique... trouver le mot juste, toujours ! Sur un cv, mettre des verbes d'action,  remplacer "Revenu Minimum d'Insertion" par "Revenu de Solidarité Active"... on utilise le mot de coaching à toute les sauces, même dans l'accompagnement à l'emploi

Et on balance à la tête de la société un "demandeur d'emploi"... Cette expression est née, me semble t'il, par l'idée que tout un chacun à droit à un emploi. Auquel cas, bien entendu, en respectant la loi, ceux qui en sont dépourvus sont des demandeurs d'emploi. 

Là où le bas blesse, c'est que cette notion de droit à chacun d'avoir un emploi (permettant de subvenir à ses besoins, bien entendu.. Pas un temps partiel ou un emploi précaire!) ne tient plus la route face à notre système économique. Et pourtant, l'article 23 de la Déclaration Universelle des droits de l'homme le dit : " Toute personne a droit au travail, au libre choix de son travail, à des conditions équitables et satisfaisantes de travail et à la protection contre le chômage" .

Comme ce droit n'est pas respecté, il y a une façon très simple de responsabiliser le demandeur d'emploi, c'est de lui laisser ce statut, de laisser croire que les emplois sont là et que s'il n'en a pas, c'est de sa faute !

La société exige des "demandeurs d'emploi" qu'ils soient en recherche d'emploi, le justifient en laissant même entendre qu'ils pourraient perdre cette solidarité de société s'ils ne montraient pas pattes blanches. Et c'est là, où cette notion se retourne contre le demandeur d'emploi en le laissant passer pour inactif face à sa recherche ! C'est sur, c'est vendeur. Ca en jette, comme dirait certain ! Et puis, c'est sur les "demandeurs" ont toujours été bien perçu dans la société. D'ailleurs les entreprises l'ont bien compris, elles embauchent des "chasseurs de tête" pour aller piquer un salarié à un concurrent pendant que les demandeurs, b'hein qu'ils continuent à demander!

Il me semble qu'il y a comme un petit bug dans le choix sémantique, tout à coup !

Il est vrai que la sémantique ne change pas tout, mais elle influence tout de même énormément et tout le monde le sait.

D'ailleurs, pour ma part, si mon employeur me laissait entendre que je n'étais pas investie dans mon travail, b'hein, forcément, je le deviendrai ! (pas investie)

 

A quand une révolution sémantique dans le service publique de l'emploi ? Les chercheurs d'emploi seront toujours en recherche, il est vrai, mais au moins nous reconnaîtrons leur mouvement.

 

4 octobre 2016

La solidarité

La solidarité, pour moi, c'est la fraternité.... vous savez cette fameuse devise qui est sensée tous nous rassembler, nait de la Révolution Française : Liberté, Egalité, Fraternité. Elle me semble parfois perdre de sa force, mais nous en sommes tous les acteurs, les responsables de cette perte de sens.

Pour en revenir à la solidarité, elle est à la source de ma profession. La société me paye pour que j'épaule, j'accompagne les plus fragiles d'entre nous... Ceux qui ont perdu cette liberté minimale qui consiste dans le fait de pouvoir subvenir à ses besoins, correctement.

Car oui, dans la grande généralité, je n'accompagne pas tous les chercheurs d'emploi, j'accompagne et ai accompagné depuis 15 ans (pfiou, je me fait vieille!) les "plus éloignés de l'emploi", : les allocataires des minimas sociaux, les "DELD" (Demandeurs d'emploi de longues durées, pour reprendre ce terme que j'exècre du Pôle Emploi), les chefs de famille mono-parentales, les Sans Domiciles Stables (ex SDF), les sortants de prison, jeunes sans formation.

Et, en l'espace de quelques années, j'ai vu ces individus stigmatisés, mais bien plus, la notion de solidarité perdre de son sens. Car oui, la société doit assumer... Vous, moi, nous tous devons assumer d'avoir laissé des gens sur le bas-côté, d'avoir accepté que des métiers peu qualifiés soient remplacés par des machines. Nous devons assumer de remplacer le caissier/ la caissière de notre supermarché par la machine juste à côté.... Assumer qu'il/elle perdra son emploi lorsque la machine sera bien maîtrisée par tous les consommateurs du supermarché et qu'il/elle se retrouvera licencié/e ou non remplacé/e.

C'est ça aussi l'économie, sous couvert d'avancées technologiques, de confort, on laisse des personnes sur le bord de la route sans trop s'en préoccuper.

Et, c'est ça le RSA, l'ASS, aussi. Ce ne sont pas des personnes ne voulant pas travailler. Ce sont des personnes qui perdent pied face à un monde qui avancent vite, trop vite pour eux.

Le RSA, l'ASS, c'est aussi pour ceux qui ont été cassé par un système éducatif global... une société qui part toujours du principe qu'il faut aller plus vite, plus loin. 

Et, c'est bien aussi ce monde en mouvement, qui veut aller vite. Ce sont des progrès, des avancées qui nous permettent de mieux vivre. Mais, assumons les conséquences de cela et assumons ceux que nous laissons sur le bas-côté sans leur reprocher une soi-disant "absence de volonté de s'en sortir"... Ils font, bien souvent, comme ils peuvent pour survivre, en espérant vivre.

Et oui, il y a des exceptions, et comme nous sommes en démocratie, chacun peut s'exprimer, nier l'humain.... Mais, toujours en parlant de démocratie, je m'attacherai toujours à la majorité. Et, la très grande majorité que je connais, rencontre est composée de ces "laissés sur la route". Je parlerai prochainement du discours sur les "assistés / profiteurs du système" car il me semble que ceux qui en parlent le plus sont finalement ceux qui sont bien loin d'en rencontrer et donc de s'interroger sur la réalité de ces "assistés"

 

La solidarité, c'est ça : toujours rester vigilant à ceux que nous laissons sur le bord de la route... Notre société force à cette fraternité grâce aux impôts, et c'est tant mieux. Nous avons la chance de vivre dans un monde juste pas trop injuste

 

 

4 octobre 2016

Je plonge dans le "grand" bain

Ca fait peur le GRAND bain, et j'ai bien souvent eu peur d'écrire sur mon métier. Une peur bien humaine, commune à tous beaucoup. Peur de ne pas donner une bonne image, une image juste et donc respectueuse de ceux que j'accompagne; mais aussi, soyons honnête une bonne image de mon métier.

Mais comme partout, il y a des bons et des mauvais... Et surtout, des bons jours et des mauvais.

Ce que je m'apprête ici, c'est raconter de ces journées, bonnes et mauvaises ... mais aussi celles de doutes, d'interrogations sur la société, la vie... ma perception de celle-ci en me demandant toujours si j'ai une vision juste, vraie. Je vais probablement commencer par quelques notes généralistes sur le contexte de l'accompagnement à l'emploi, celui que je connais. Forcément, vous y lirez ma vision de l'accompagnement, et non celui de l'ensemble des conseillers à l'emploi.

Je me plonge aussi dans le grand bain, car actuellement, le bain dans lequel je me baigne est plutôt tumultueux, difficile (pour ceux qui n'auraient rien vu, ça ne va pas fort pour les chercheurs d'emploi que j'accompagne, ça ne va pas fort pour l'économie, les entreprises?, ... et donc les accompagnateurs de ces chercheurs d'emploi)

Pour parler un peu de ma petite personne, cela fait 15 ans que je travaille dans le secteur de l'insertion, pour un conseil général, une mission locale, un PLIE, une entreprise d'insertion. J'ai d'abord travaillé dans l'univers sordide difficile de la gestion des ressources humaines. Oui, vous savez, ces "ressources humaines", ces bipèdes que nous gérons, en masse, pour les mettre au bon endroit, au bon moment... les virer (parfois) lorsqu'ils ne sont plus au bon endroit selon nos visions économiques. Et, j'ai travaillé dans ce qu'il y a de plus brut de pomme : une agence d'intérim.

Vous comprendrez qu'ensuite, on souhaite s'expier de ce lourd fardeau et que l'on se dirige vers l'humain, le social... Vous découvrirez peut-être les détails de ce changement de cap dans une prochaine note car la petite note d'humour concernant cette expiation n'est pas exacte (quoi qu'il y ai forcément un peu de vrai dedans).

Bon, c'est bien de regarder le bassin, mais il faut y aller ! Courage, ça va bien se passer !

 

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A vos postes, partez !
  • journal d'une accompagnatrice vers et dans l'emploi. Parfois nommée "conseillère emploi", "conseillère en insertion socio professionnelle", "chargée d'insertion", etc. J'utilise le terme d'accompagnatrice en continuant à m'interroger sur le nom ...
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